Brève historique
Le Kwashiorkor (bwaki, en langue locale) avait été diagnostiqué à partir des années 1958-1959 dans certains villages autour de Bukavu. Cette maladie sera amplifiée par les troubles, à la suite de la destruction des structures d’approvisionnement, de l’abandon des champs pendant la guerre, de l’afflux des réfugiés qui avaient fui la ville de Bukavu. Cette maladie s’était vite répandue en ville de Bukavu et dans les territoires environnants, frappant principalement les enfants et les femmes enceintes ou allaitant. Selon une étude faite par le CEMUBAC avait dégagé que plus de 70 % des enfants de 1 à 15 ans présentaient des signes de kwashiorkor et de malnutrition autour des années 1970 dans la région du Bushi.
De nombreuses pertes en vies humaines avaient été enregistrées. Face à cette situation dramatique, des personnalités d’horizons divers (services publics, œuvres sociales, confessions religieuses, hôpitaux, quelques organismes internationaux), soucieuses du bien-être de la population, s’étaient mobilisées pour contre
cette maladie ; elles ont créé, le 14 février 1965, l’Œuvre pour la lutte contre le Kwashiorkor au Kivu, en abrégé, COMITE ANTI-BWAKI.
Le Comité Anti-Bwaki était alors entendu comme un cadrede sensibilisation et de mobilisation de l’opinion nationale et internationale, un forum d’échanges et d’engagements pour combattre le kwashiorkor, et comme un
outil de canalisation et de distribution des aides d’urgence, d’actions bénévoles contre la malnutrition et en faveur de l’amélioration des conditions de vie de la population. La mission lui assignée est ainsi de « lutter contre le Kwashiorkor et la malnutrition et de promouvoir toute action en faveur de l’enfance défavorisée, pauvre et démunie ».
L’organisation a multiplié ses interventions dans la région du Bushi-Buhavu ; elle est passée des campagnes de distribution des aides d’urgence (de 1965 à 1967, de 1967 à 1969), des programmes de sensibilisation des populations sur la nutrition et la santé (1966-1979), à des actions concrètes portant sur l’amélioration des conditions de vie des populations dans des domaines variés, à savoir :
– la promotion des programmes de consultations des enfants,
– l’ appui à la mise en place des centres nutritionnelles et de santé,
– la publication des documents et fiches d’éducation sanitaire et nutritionnelle.
Dès la fin de l’année 1969, le Comité Anti-Bwaki est convaincu que les aides humanitaires ne peuvent nullement résoudre le problème de la famine et du kwashiorkor. Il faut des solutions locales et durables; il faut rapidement
mettre en œuvre des actions que les populations s‘approprient et qu’elles intègrent dans leurs pratiques quotidiennes. C’est dans cette optique, qu’à partir de l’année 1970, le Comité Anti-Bwaki lance le ‘’Plan Biyoya’’ (médecin initiateur du plan et un de premiers animateurs du Comité Anti-Bwaki). Les axes stratégiques de ce plan sont : l’éducation sanitaire et nutritionnelle de la population, la transformation des centres de distribution des vivres en centres de formation et d’animation, la formation des animateurs ruraux et l’introduction
des cultures riches en protéines. C’est dans le cadre de ce plan que le Comité Anti-Bwaki introduit la culture du soja dans les villages du Bushi et l’installation des centres de transformation du soja, avec le concours de l’UNICEF.
A la fin de l’année 1979, le Comité Anti-Bwaki est initiateur et co-organisateur (avec l‘ISDR, l’IRS/Lwiro, l’INERA, le Ceplanut,…) du Symposium sur l’avenir de l’enfant du Kivu d’altitude. Les conclusions de ce
symposium vont être à la base d’une réorientation de l’action du Comité Anti-Bwaki.
Face à la dégradation des conditions de vie des populations et l’extension du kwashiorkor, la forte baisse du revenu des ménages du fait de la dégradation des sols entraînant la diminution des rendements agricoles, le sous-emploi, le déboisement, … les fondateurs du Comité Anti-Bwaki décident d’étendre sa mission, en lui donnant un rôle plutôt opérationnel, dans le cadre d’une nouvelle politique d’interventions sur le terrain et de développement à la base. Car, entretemps, deux grandes épidémies, le choléra et la dysenterie bacillaire, frappent la région, à la fin de la même année 1979.
Le Symposium sur l’avenir de l’enfant du Kivu d’altitude, organisé par le Comité Anti-Bwaki en collaboration avec des institutions spécialisées (ISDR/Bukavu, IRS/Lwiro, et des chercheurs chevronnés nationaux (CEPLANUT) et internationaux (CEMUBAC, Université de Louvain…), est un moment d’évaluation de la situation de la malnutrition et d’analyse du contexte social et des défis du moment. Lire les Conclusions du Symposium.
Les épidémies de choléra et de dysenterie bacillaire qui ont frappé la région, à la fin de l’année 1979, et le Symposium sur l’avenir de l’enfant du Kivu d’altitude organisé à la fin du mois de novembre 1979, vont inspirer la décision des participants de réorganiser le Comité Anti-Bwaki pour lui donner un rôle plutôt opérationnel en tant qu’organisation locale de développement à la base.
l’Assemblée générale du Comité Anti-Bwaki, réunie en séance ordinaire au début de l’année 2017, a pris la décision de changer l’appellation de l’organisation, tout en en veillant à garder les initiales CAB. Un appel à propositions a été lancé au niveau des membres effectifs et des organisations de base, durant le premier semestre.
Réunie en séance extraordinaire (8 juillet 2017), les membres effectifs ont opté pour l’appellation COMITE POUR L’AUTOPROMOTION A LA BASE, en sigle C.A.B; appelation que la CAB allait prendre à partir de 2018.

Cinq domaines d’intervention et axes stratégiques du CAB depuis 1980
Au fur et à mesure, à partir de l’année 1980, l’action du CAB s’est confirmée à travers cinq axes stratégiques, à savoir :
– La structuration paysanne et l’animation au développement : organisation et renforcement des structures
de développement à la base, formation des leaders paysans et animateurs des groupes, sensibilisation aux valeurs citoyennes, promotion du genre et du leadership local, appui aux initiatives d’allègement des charges de la femme/famille :
– L’agriculture et l’élevage : formations et vulgarisation des techniques durables de production agropastorale, appui en intrants de production vivrière et d’élevage, intégration agriculture-élevage, introduction des matériaux et espèces performants, les manifestations promotionnelles, la santé et production animale,
– Les infrastructures rurales : approvisionnement des villages en eau potable (aménagement des sources, adductions d’eau), mise en place des mini-réseaux ruraux de distribution et de gestion de l’eau, appui
à l’amélioration de l‘habitat, réhabilitation des routes locales, construction/réhabilitation des infrastructures sociales, promotion des alternatives d’énergie rurale ;
– L’économie locale et le genre : appui aux initiatives génératrices de revenu, appui à l’entreprenariat rural et accès au crédit agricole, accompagnement de la transformation et commercialisation des
produits,
– L’environnement et la bonne gestion des ressources naturelles : sensibilisation sur la protection de
l’environnement, appui aux campagnes annuelles de reboisement et agroforesterie,
appui aux brigades d’eau, hygiène, assainissement et environnement, sensibilisation
à l’hygiène et à la salubrité publique.